Du CSCIN au CAI ... 40 ans plus tard

1830 : Constitution de l’état belge : migration européenne

entre 1914 et 1945 : Guerres en Europe : mouvement migratoire généralisé favorisé par les persécutions politiques et la perte de vies humaines et donc de main-d’œuvre

1946 : protocole bilatéral avec l’Italie 50 000 travailleurs pour le charbon et d’autres accords avec le Portugal, l’Espagne et la Grèce.

1956 : Accident dans les mines à  Marcinelle : fin de la migration italienne, la Belgique se tourne vers le Maroc et la Turquie.

1962 : Le rapport Sauvy révèle le vieillissement de la population wallonne, besoin d’augmenter l’immigration familiale.

1965 : Politique de regroupement familiale afin de renverser la tendance.

1970 : Reconversion industrielle et chute de production charbonnière : fin de l’immigration.

1998 : Création de l’espace Schengen, « politique d’Europe forteresse »

 

Précurseur du CRI de Namur, le Centre socioculturel des immigrés de la province de Namur (C.S.C.I.N.) a vu le jour en 1982.
Il a débuté ses activités en 1983, d’abord sous la forme d’une association de fait, ensuite, dès 1984, sous le statut d’asbl.

Le C.S.C.I.N. a été créé suite à une étude réalisée en 1981 par la commission namuroise «pauvreté» de la Fondation Roi Baudouin. Celle-ci faisait apparaître la réalité démographique et socioculturelle de l’immigration, et l’absence de structure spécialisée œuvrant pour l’intégration des personnes immigrées. La mise en place du centre socioculturel a été précédée d’une large consultation des représentants des associations d’immigrés et des organisations belges (syndicats et mouvements d’éducation permanente). Une campagne de sensibilisation des pouvoirs publics a suivi afin qu’ils collaborent à la création du centre.
Dans son assemblée générale et son conseil d’administration, l’association se compose de représentants de pouvoirs publics, d’organisations syndicales, d’associations d’immigrés et de mouvements d’éducation permanente travaillant prioritairement sur Namur, Andenne et Sambreville.

Deux missions principales

Le C.S.C.I.N. s’est donné deux missions principales. D’une part, créer et veiller au fonctionnement d’un centre d’information et de documentation sur l’immigration ; d’autre part, constituer un lieu de rencontre et de concertation des initiatives en matière d’intégration et de promotion sociale et culturelle.

Jusque dans les années 86-87, le centre socioculturel se préoccupe essentiellement de la population italienne. C’est progressivement que vient l’intérêt pour la population arabe, notamment en raison de l’explosion du chômage et des phénomènes d’exclusion. Les activités relèvent principalement de la diffusion d’informations, de l’alphabétisation, de la formation et de l’animation. 

En 1997, le centre socioculturel est agréé et reconnu comme Centre régional d’intégration des personnes étrangères ou d’origine étrangère, dans le cadre du Décret de 1996. Dans la foulée de cet agrément, les changements sont nombreux. 

L’ex-C.S.C.I.N. désormais CRI doit se composer une nouvelle assemblée générale. Il doit aussi, dans la foulée des missions qui lui sont imparties et qui le placent dans un rôle essentiellement de deuxième ligne, se séparer d’une partie de son personnel et recruter d’autres travailleurs. Le public auquel il s’adresse est varié et s’étoffe au fil du temps : les associations et communautés d’origine étrangère bien sûr, mais aussi les acteurs de première ligne (tant du pôle associatif que public) oeuvrant dans les domaines cités dans le décret. 

Le CSCIN décide aussi de changer de nom pour devenir le C.A.I (Centre d’action interculturelle de la province de Namur). Cela montre la volonté de maintenir une identité claire. Ainsi, le «i» de C.A.I, souligne-t-il la notion fondamentale d’interculturalité comme approche privilégiée. Cette identité s’est forgée autour d’un «projet politique» pour guider l’action en termes stratégiques sur la scène politique et institutionnelle namuroise, inscrivant de manière claire son engagement pour une société plus égalitaire. 

En deuxième ligne 

C’est bien entendu en deuxième ligne que le CAI souhaite préciser son action, tout d’abord auprès des groupes et associations belges et issues de l’immigration, par un soutien pédagogique et logistique à leurs activités. Ainsi, en 2004-2005, un projet de mise à disposition de personnel pour les associations d’immigrés et les communautés a permis de répondre aux attentes de ces association en matière d’appui à leurs activités. Malgré son caractère novateur, ce projet pilote, handicapé notamment par un montage financier difficile, n’a pas pu se poursuivre. Le second axe du travail de deuxième ligne concerne les intervenants sociaux en lien avec les personnes étrangères, par la formation, la sensibilisation, la création de lieux et de synergies entre acteurs. La tenue des «Echanges de midi» autour de l’interculturel est un exemple de ce type d’approche. Ce cycle d’échanges sur différents sujets en lien avec les problématiques vécues par les populations issues de l’immigration a été organisé pour la première fois en 2005. Centrés sur le temps de midi, les échanges ont permis de favoriser le partage de pratiques, articulé avec des éléments théoriques apportés par des intervenants de haute qualité. 

La notion de première ligne reste cependant très présente dans l’action du C.A.I. En articulation avec les services existants et en fonction de besoins non rencontrés, les actions de première ligne touchent à l’accompagnement individuel ou collectif des personnes issues de l’immigration en matière de recherche d’emploi, de médiation interculturelle, d’orientation des nouveaux migrants et des personnes inscrites dans les cours de français oral. L’articulation du travail d’un CRI avec un secteur d’apprentissage du français est ainsi une particularité de notre institution. En effet, le C.A.I. intègre dans son action une double problématique, celle liée à l’alphabétisation de personnes en difficultés d’expression de lecture et d’écriture propre au réseau Lire et Ecrire et celle de l’accueil et de l’intégration des personnes étrangères et d’origine étrangère relative aux missions des CRI. L’apprentissage de la langue pour adultes non francophones peu scolarisés est conçue dans ces deux perspectives comme facteur de lutte contre l’exclusion socio-économique, culturelle et politique.

Autre exemple : la médiation interculturelle. Initiée dans les années 90 avec la mise sur pied de la formation de médiateur interculturel, cette nouvelle approche a aussi permis au CAI de jouer un rôle d’impulsion pour la mise en place de structures de médiation (Ville de Namur, CHR). D’autre part, en étendant son propre service de médiation interculturelle par le biais de permanences décentralisées sur le territoire de Sambreville, le C.A.I. tente de s’appuyer sur ce lien avec le public pour développer une dimension collective de la médiation. Le CAI cherche aussi à mener un travail transversal avec les publics issus de l’immigration, le monde associatif, les intervenants, les pouvoirs publics, via des projets comme «A nous la parole…» mis en place dans le contexte des élections communales de 2006. Une consultation large, au sein des publics issus de l’immigration notamment, a abouti à la publication d’une brochure exprimant les difficultés vécues au quotidien par ces personnes. Portées lors de rencontres avec les candidats aux élections, ces idées permettent maintenant de soutenir un travail de revendication pour des politiques locales d’accueil et d’intégration à mettre en oeuvre avec les pouvoirs publics.