Secteur du français langue seconde

4.1. Coordination française langue seconde

En 1991, nous avons été sollicités par une association d’alphabétisation namuroise qui était surchargée par les demandes d’apprentissage du français pour les personnes adultes d’origine étrangère. Ces personnes ne relèvent pas à proprement parler des groupes d’alphabétisation.

Dès septembre 1991, nous avons développé une coordination sur le français langue seconde à Namur.

Elle compte actuellement six partenaires, à savoir :

  • deux écoles de promotion sociale I’ILFOP (libre) et l’IEPS (Communauté Française).
  • quatre associations faisant partie de la structure Lire et Ecrire Namur :

Alpha 5000, le CAI, le CIEP et Vie Féminine (ces deux dernières nous ont rejoint en mai 97).

Le C.A.I. a notamment pris cette initiative en vue de répondre le plus adéquatement possible aux nombreuses demandes. Il en assure la coordination. Un travail en synergie et en complémentarité se fait à ce niveau là (inscriptions communes, dispatching, rencontres conviviales avec les apprenants, informations sur des thèmes précis liés à l’immigration, publicité commune, …).

Ceci nous permet de proposer 5 à 6 niveaux de langues différents et complémentaires, ouverts en septembre et en février, et de négocier l’ouverture de cours selon les besoins. La publicité est commune, les inscriptions sont globalisées et dispatchées non suivant l’école ou l’association mais suivant le niveau réel de la personne.

Pour les personnes étant alphabétisées dans leur langue d’origine, nous pensons que l’apprentissage du français est le rôle de l’école.
Pour les personnes analphabètes ou peu scolarisées, après un passage dans les groupes d’initiation visant l’apprentissage du français oral, elles seront aiguillées vers des cours d’alphabétisation.
Les groupes pris en charge par la promotion sociale bénéficient d’un apport complémentaire assuré par l’associatif à raison de deux heures par semaine.
Ces cours, non comptabilisés par l’école, sont basés sur une meilleure connaissance de la culture et du pays d’accueil et également sur de la conversation plus intensive.

Des groupes d’accueil sont assurés par l’associatif (CAI et autres).
S’y retrouvent : les personnes qui ont besoin de plus petits groupes au départ : celles dont la langue d’origine est fort lointaine, les plus lentes ou les plus âgées, les analphabètes ou personnes peu scolarisées. Les personnes arrivant en cours d’année et ne pouvant s’inscrire dans les délais en promotion sociale sont également accueillies dans ces groupes.
Ils sont donc un tremplin soit vers l’alphabétisation, soit vers la promotion sociale, et articulés avec des projets d’insertion.

Voici, sous forme de tableau, notre collaboration Français Langue Seconde.

Le CAI en assure la coordination

Ceci draine actuellement plus ou moins 150 personnes.
Le travail en complémentarité promotion sociale – association répond aux différents besoins du public non-francophone.
Notre action est articulée au niveau publicité avec les associations et/ou relais étrangers. Cette incidence se remarque par exemple sur 98 par un nombre d’apprenants d’origine turque plus important qu’auparavant.
Le nombre de personnes d’origine albanaise du Kosovo est également important, ceci étant relatif à la situation problématique dans la région.
Une remarque serait à faire, si dans l’associatif, un nombre minimum d’étudiants n’est pas exigé, cela n’est pas le cas pour la promotion sociale où la règle est de 14 personnes minimum.
Or, apprendre une langue nécessite une pratique minimale, et donc une pédagogie dynamique et participative. Nous estimons donc que le chiffre de 14 devrait pouvoir être remis à la baisse, et que l’on devrait pouvoir appliquer la norme de 8, comme celle appliquée dans le cas de cours pour débutants.
Par contre, la norme de dédoublement est quant à elle, vraiment effarante : 35 à 40 personnes…  Comment peut on faire un travail constructif à ce nombre, surtout avec des personnes aux diverses origines, aux trajets scolaires multiples vivant des difficultés sociales et d’insertion spécifiques.

4.2. Groupe d’accueil et de transition

Cette année, 80 personnes ont donc fréquenté les cours donnés par notre association.

Afin de répondre aux besoins, nous avons développé deux axes :

  • Des cours d’accueil et de transition existent, le cours d’accueil étant le niveau 0, le cours de transition existant pour les personnes qui parlent déjà un peu, qui comprennent, lisent et écrivent un peu.
  • des cours du soir ont été développés, en plus de ceux de journée, afin de couvrir les demandes des personnes qui travaillent. Ces cours du soir ont démarré en novembre 1998.
    Le financement via le parcours d’insertion nous a permis d’engager une personne spécifique sur ces cours, ce qui, jusqu’à ce jour, était assuré partiellement par une personne engagée, et en grande partie par des bénévoles.
    Un travail de ce type exige une compétence et une formation continuée, si l’on veut être opérationnel.
    Actuellement, une personne bénévole formée depuis deux ans, assure un cours à raison de deux heures par semaine.

Remarque.

La population touchée par ce cours est fort variée : personnes venant d’arriver, personnes installées au pays depuis de nombreuses années, scolarisées ou non dans le pays d’origine.
Les statuts sont également fort différents : filles au pair, demandeurs d’asile venant, personnes venant par regroupement familial, époux ou épouses de belges, personnes au CPAS, femmes au foyer, sur la mutuelle, demandeurs d’emploi, étudiants ERASMUS ou autres, travailleurs,…
Quant à leur perspective par rapport au besoin d’apprendre la langue : se débrouiller dans le pays et devenir plus autonome, pouvoir s’inscrire dans une autre formation, trouver du travail. Ce dernier aspect n’est pas, dans la population touchée, le critère numéro un. De fait, les demandeurs d’asile, durant leur première phase de procédure, ne peuvent s’inscrire dans cette démarche d’I.S.P. de même que les filles au pair.
Et pourtant, pour chacun, l’apprentissage du français est essentiel et incontournable à une intégration harmonieuse dans le pays d’accueil.

4.3. Ouverture des classes de français intensif pour primo arrivants (12-18) au sein d’écoles de plain exercice à Namur

Suite à de fréquentes interpellations reçues, une première rencontre s’est faite début 98 entre le Dispositif d’Accrochage Scolaire de Wallonie, le Centre de Croix Rouge pour demandeurs d’asile d’Yvoir et le Centre d’Action Interculturelle.

Après diverses rencontres faites avec Madame Haimé, responsable des études secondaires, ainsi qu’avec Monsieur Clignet (ayant coordonné des initiatives de ce type à Bruxelles), nous avons invité les deux écoles ayant développé des CEFA sur Namur.
Dès septembre 98 s’ouvraient des classes spécifiques : une 1 O B au sein de l’I TCA (communauté française), une 3 0 P au sein de l’I TN (libre) ainsi que leur CEFA respectif.
Il nous semblait que ces trois structures étaient le minimum requis pour pouvoir répondre le plus adéquatement aux besoins et garantir une orientation adéquate par rapport au passé scolaire de l’enfant.
Ces ouvertures de classes ont été faites avec peu d’apport complémentaire des pouvoirs publics au niveau des écoles.
Un comité d’accompagnement a été structuré et se réunit régulièrement afin de garantir de pertinence et l’orientation du projet.
Afin de facilité la compréhension du projet au sein des écoles, nous avons organisé avec les différents partenaires et le Centre des Immigrés, dès le début de l’année scolaire, une information d’une demi-journée dans chacun des lieux.
Les enseignants ont également eu l’occasion de se former à la méthode Sagot (méthode d’apprentissage du français) dont nous avons demandé l’organisation auprès de la Communauté française. Pour 1999, nous prévoyons également une formation à l’inter – culturel.

4.4 Formation et suivi dans l’animation

4.4.1. Cette année, nous avons été sollicités pour organiser des formations de formateurs bénévoles en français. Elles ont été données en collaboration avec les associations membres de Lire et Ecrire au centre pour réfugiés de Florennes ainsi qu’au centre de Croix Rouge pour demandeurs d’asile d’Yvoir. Dans chacun de ces lieux, une dizaine de personnes ont participé. La formation se structurait autour de cinq séances de deux heures et demi chacune, dont trois séances de formation initiale, et deux séances de suivi, approfondissement, échanges basés sur la pratique vécue.

4.4.2 SUIVI DANS L’ANIMATION.
Nous sommes souvent sollicités par des personnes (dispensant des cours de français langue seconde) pour donner des conseils, des réflexions, des supports.

4.5. Bibliothèque spécifique

Nous développons une bibliothèque sur des méthodes de français langue seconde (enfants adolescents – adultes). Elle s’est étoffée durant l’année 1998.
Nous avons, à ce niveau, été fort sollicités par les enseignants du secondaire (classes pour primo arrivants) ainsi que par les animateurs de l’associatif.

4.6. Animation réalisées avec un groupe de femmes du quartier des balances

Cette activité, basée au départ sur l’alphabétisation, est devenue un lieu – ferment de rencontres, d’échanges inter – culturels et inter – générationnels.

Durant l’année 1998, environ 25 femmes ont fréquenté cet espace. Nous touchons de nouvelles femmes et une nouvelle culture : de fait , quelques femmes turques du quartier nous ont rejoints. Afin de répondre à leur demande, nous avons, pour ces dernières, organisé systématiquement un cours de français progressif.
Les femmes s’affirment, fréquentent de nouveaux endroits.
Elles prennent une part active au sein de la structure de l’Espace communautaire des Balances, lieu des activités.
Elles y sont sollicitées et des collaborations sont établies avec l’Ecole de Devoirs, la maison des jeunes

Plusieurs participations extérieures ont eu lieu : participation aux journées « Haute Voltige » « Théâtre et Education Permanente » en mai 98.
Cette année, les femmes ont participé à l’élaboration de la valise pédagogique sur le pain.
Une cassette vidéo présentant une recette de pain a été réalisée, elles ont participé culinairement à l’inauguration du vernissage.
Ces différentes participations ont ouvert leurs espaces, découverte et utilisation de la bibliothèque communale, participation en tant que public aux prestations théâtrales.
Elles deviennent interlocutrices face à l’école, des séances d’information à ce niveau ont été faites en collaboration avec l’ AMO.